Reportage le 15/06/2019
En ce 15 juin 2019, l’église de la Madeleine se remplit de fans et d’admirateurs du taulier, dont je fais partie. Nous sommes venus de toute la France, et même de Belgique, pour les 76 ans de Johnny. Certains ont attendu toute la nuit devant les grilles de l’église, pour être là, pour lui.
A la messe, nous recevons une feuille de chants. « Oh Marie » et « Ma religion dans ton regard » sont au programme. Mais aussi une version revisitée de « Que je t’aime », chantée par les fans, écharpes à bout de bras balancés sous les voutes sacrées. L’émotion est forte. Spontanément, des « Joyeux anniversaire » et « Johnny, Johnny, Johnny Hallyday », sont aussi entonnés, les mains levées vers le ciel, la larme à l’œil.
Depuis la mort de Johnny, c’est ici qu’a lieu la communion entre les fans, pour chanter Dieu et puis l’amour. Pour certains, le dieu, c’est Johnny, une personne à l’aura surnaturelle, un chanteur hors pair, qui a accompagné leur vie, leurs coups durs, leurs moments de joie aussi, en restant toujours accessible et aimant. Il a su chanter leurs peines et leurs espoirs, de « la Prison des orphelins » à « Un jour viendra, tu me diras je t’aime ».
Un dieu incarné donc, qui a eu au moins sept vies, pour rester au sommet dans le cœur des fans pendant plus de soixante ans de carrière. Beaucoup pensaient qu’il était immortel et qu’il allait emporter son combat contre la maladie.
Un dieu qui a pourtant su garder les pieds sur terre, rester un mec simple, drôle, et incarner celui à qui ils avaient envie de dire « Mon vieux copain ». Ceux qui ont discuté brièvement avec lui me parlent de lui comme d’un ami.
Pour certains, il est même considéré comme un membre de leur famille. Au risque de voir plus de photos de Jojo que de leurs propres enfants comme l’avoue Lionel, fan de la première heure. Pour lui, comme d’autres, Johnny c’est la figure paternelle, le père qu’il n’a jamais eu, et qu’il aurait rêvé d’avoir.
Alors, perdre Johnny, pour ces fans, c’est perdre une deuxième fois leur père. Cela ravive des douleurs. De même, quand Johnny retire à David et Laura leur part d’héritage, cela provoque chez les fans la sensation d’être eux-mêmes déshérités. Et, en allant s’enterrer à St Barth, à des milliers de kilomètres, Johnny a aussi retiré aux fans la possibilité de se recueillir régulièrement sur sa tombe.
Les fans sont sans rancune. Certains me confient : Johnny, nous n’aurions pas imaginé qu’il soit enterré n’importe où. D’autres cassent leur tirelire pour se rendre à St Barth en pèlerinage, afin de se recueillir sur sa tombe, plusieurs fois par jour. Ils viennent y chercher la paix et y trouvent souvent quelque chose de bien différent : c’est seulement sur place qu’ils réalisent que Johnny est mort.
Ceux qui ne peuvent faire le voyage doivent se contenter de la Madeleine pour montrer à Johnny qu’ils sont toujours là, pour entretenir sa mémoire, et ainsi le faire vivre à travers eux.
La messe est coorganisée par l’association Johnny Blouson Rouge et Noir. Cette association a été montée à l’initiative d’Alex. Alex a ressenti la présence de Johnny au milieu des fans lors de l’enterrement, puis il a vu Johnny apparaître dans un arc en ciel, lui demandant de s’occuper des fans. Il est conscient que c’est difficile à croire… Force est de constater que sa foi lui a permis de remplir la Madeleine depuis de mois avec des fans de Johnny. Il envisage même les 20 000 places du stade Charléty pour les 77 ans de Johnny.
A la sortie de la messe ont lieu un pique-nique et un concert de reprises de Johnny. Pendant des heures, les fans chantent, dansent ou racontent leurs souvenirs. Il n’est pas rare d’en voir qui ont suivi Johnny en concert jusqu’à Las Vegas. Avec mes 13 concerts de Johnny, tous à Paris, je sens que je suis un débutant.
Pourtant, personne ne me juge, car la communauté des fans de Johnny, resserrée par la mort de celui-ci, se serre les coudes. Comme si elle était habitée par cet amour que Johny n’a cessé de chanter. Le sosie belge Johnnydom lâche même : Johnny, c’est le temple de l’amour.
Le concert se termine sur « Ca ne finira jamais », une des chansons qui retranscrit bien l’état d’esprit des fans, prêts à refaire la route avec Johnny, à lui montrer comme ils l’aiment. A la vie, à la mort. Sacré Johnny.
Retrouvez ce texte dans la Revue Johnny:
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