Reportage le 25/09/2019
Le cimetière de Wounded Knee est un véritable lieu de pèlerinage de l’histoire amérindienne. Le 29 décembre 1890, plus de 300 hommes, femmes et enfants Sioux furent massacrés à Wounded Knee par la cavalerie américaine. Quelques années plus tard, les Sioux étaient divisés et parqués dans des réserves. C’est toujours le cas aujourd’hui. Reportage à Wounded Knee, au cœur de la réserve de Pine Ridge, dans le Dakota du Sud.
Le cimetière de Wounded Knee se situe sur une colline surplombant la plaine. C’est dans cette plaine que furent massacrés le chef Big Foot, ses hommes et leurs familles, dans ce qui fut longtemps appelé « la bataille de Wounded Knee ». Mais, confie Mark White Hawk, un local, « ce n’était pas une bataille, c’était une extermination d’innocents, de mon peuple ». Sous le rectangle d’herbe qui couvre le cimetière, les corps ont été enterrés dans une fosse commune. Aujourd’hui, des sachets de sauge et de tabac sont là pour permettre aux âmes de s’élever, explique Mark, et une stèle permet d’identifier à peine une cinquantaine de victimes.
Parmi elles, il y a No Ears, l’arrière arrière grand-mère de Nadine Little White Man. Nadine a du mal à comprendre comment cette attaque a pu être perpétrée contre des innocents, et ensuite récompensée par un grand nombre de médailles. Elle aurait aimé connaître No Ears, mais elle pense que celle-ci est désormais en paix. Paix que Nadine ne trouve pas à Wounded Knee : « c’est difficile de venir ici pour moi, émotionnellement, alors j’essaie de ne pas venir trop souvent », confie-t-elle.
Mais tous les pèlerins ne sont pas descendants des victimes, ni même Sioux. Tyron, lui, est venu d’Oregon. Même s’il vient d’une autre tribu, il s’identifie aux victimes de Wounded Knee. Aujourd’hui, il œuvre pour que les jeunes générations amérindiennes préservent leur culture. Pour cela, il emmène chaque année des jeunes « en pèlerinage » ici.
Chris Eagle Hawk prend lui aussi part au travail de mémoire des Amerindiens, et plus spécifiquement au sujet de Wounded Knee. Chaque mois, il se réunit avec d’autres Sioux Oglala pour faire le deuil de ce massacre qui reste dans toutes les mémoires de la réserve de Pine Ridge.
Chris précise que les voix des Amérindiens courant pour échapper au massacre peuvent toujours être entendues près du ruisseau qui sillonne la plaine du massacre.
Un autre Sioux qui vit à Wounded Knee raconte sa propre experience près du ruisseau. A six ans, sa grand-mère l’a fait asseoir seul pendant trois heures là-bas. Il a alors entendu les pleurs, les voix des femmes et des enfants s’écriant : » Somebody help me, the white man is here. We don’t know what he wants, we don’t know what he’s gonna do, but he wants something and he’s gonna take it ». (A l’aide, l’homme blanc est là. Nous ne savons pas ce qu’il veut, nous ne savons pas ce qu’il va faire mais il veut quelque chose et il va le prendre).
Alice, elle, se rend à Wounded Knee surtout pour commémorer les événements de 1973. Cette année là, des Sioux occupèrent Wounded Knee pour protester contre les multiples violations des traités par le gouvernement américain, et pour demander à réformer le gouvernement amérindien. La rébellion fut réprimée par l’armée américaine, et la situation dans Pine Ridge n’a fait qu’empirer. Aujourd’hui, le chômage atteint plus de 85% dans la réserve, tandis que l’espérance de vie atteint au mieux 52 ans, pour les femmes. Alice vient rendre hommage chaque année aux victimes des combats d’Occupy Wounded Knee. Son pèlerinage à lieu en février, dans ce que les Sioux appellent le Liberation Day. Et elle ne veut pas que le combat s’arrête là.
Son fils JD est aussi allé récemment à Wounded Knee. Il y a réfléchi à cet événement tragique, mais il y a aussi puisé la force qui lui permet d’être aujourd’hui champion de rodéo parmi les Amérindiens. Son objectif : « put the Oglala Sioux in the history books » (inscrire les Oglala Sioux dans les livre d’histoire) . Sa mère commente : « il est la preuve que l’on peut réussir sa vie même en venant de Pine Ridge ». Un espoir que Wounded Knee n’a donc pas enterré.
Pour voir la story Instagram du pèlerinage à Wounded Knee, cliquez ici:
https://www.instagram.com/stories/highlights/17851700290600663/?hl=fr
Pour rendre votre propre hommage aux victimes de Wounded Knee, rendez-vous ici :
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